IA TRiSM : Comment dompter une IA qui hallucine ?

Imaginez une intelligence artificielle qui, avec une assurance déconcertante, vous affirme des faits erronés. C’est le phénomène des « hallucinations » de l’IA, où des modèles génératifs comme Claude, ChatGPT ou DeepSeek produisent des réponses plausibles mais factuellement incorrectes.
Dans un contexte professionnel, ces erreurs peuvent avoir des conséquences graves, allant de décisions mal informées à des violations de conformité réglementaire.
1-Les défis posés par les hallucinations de l'IA
Les IA génératives fonctionnent par prédiction. Elles analysent des milliards de données pour produire du tefxte, du code ou des images. Mais elles n'ont ni conscience, ni logique humaine. Ainsi, lorsqu'une information manque ou semble floue, l'IA « invente ». C'est ce qu'on appelle une hallucination. Dans un cadre professionnel, cela peut mener à des erreurs graves : fausses citations, données erronées, conseils juridiques non fiables, etc.
Par ailleurs, l'opacité des modèles (souvent des boîtes noires) complique la vérification de leur fonctionnement. C'est là que les notions de confiance, de risque et de sécurité deviennent essentielles.
2-IA TRiSM : un cadre pour sécuriser l'usage de l'IA
En France, des entreprises commencent à prendre conscience de ces risques. Par exemple, BNP Paribas, premier groupe bancaire européen, se mobilise afin de mettre en œuvre l’IA et l’IA générative au service de tous ses métiers. Le groupe est conscient de la nécessité d’encadrer l’IA et en particulier de traiter les failles de l’IA générative que sont les hallucinations.
C'est dans ce contexte que le cadre IA TRiSM (Trust, Risk and Security Management) proposé par Gartner prend tout son sens. Ce cadre vise à instaurer une gouvernance rigoureuse de l'IA, en mettant l'accent sur la confiance, la gestion des risques et la sécurité.
Pour mieux comprendre, Gartner a introduit IA TRiSM comme une stratégie complète pour gérer les risques liés à l'IA. Elle repose sur trois piliers principaux :
Trust (Confiance) : garantir l'explicabilité, la transparence et l'équité des modèles.
Risk (Risque) : identifier et anticiper les scénarios à risque, notamment les biais ou les détournements.
Security (Sécurité) : protéger les données sensibles, les modèles et leur intégration dans les systèmes métiers.
Mais ce n'est pas tout. D'après Gartner, la structure IA TRiSM repose aussi sur quatre piliers techniques (comme illustre la figure ci-dessous) :
Explicabilité / Observation du modèle
ModelOps (l'ensemble des opérations nécessaires au cycle de vie du modèle)
Sécurité des applications IA
Confidentialité des données
3-Cas d'usage : comment IA TRiSM se traduit sur le terrain
Prenons l'exemple d'un service RH qui utilise l'IA pour trier des CV. Sans cadre TRiSM, le modèle peut reproduire des biais sexistes ou discriminatoires issus des données historiques.
Avec IA TRiSM, plusieurs garde-fous sont mis en place :
Vérification régulière des outputs par un humain
Audit des données d'entraînement
Application de filtres anti-biais
Documentation de chaque décision prise par l'IA
Un autre exemple concerne les assistants IA dans les services clients. Un chatbot mal entraîné peut fournir des réponses inexactes ou non conformes à la législation. IA TRiSM permet ici d'instaurer une supervision continue, des protocoles de désactivation en cas d'anomalie, et une traçabilité des conversations.
4-Vers une gouvernance plus fine et proactive
Au-delà de la conformité, IA TRiSM permet aussi d'améliorer la performance globale des projets IA. Voici des pistes souvent négligées mais stratégiques :
L'intégration de TRiSM dès le design du produit IA : penser le modèle comme un système évolutif et gouverné dès sa création, et non comme un outil figé.
L'implication des équipes non-techniques : juristes, RH, marketing doivent co-construire les règles de confiance.
La simulation de scénarios extrêmes (stress tests IA) : tester l'IA dans des cas d'usage extrêmes pour identifier ses limites.
Ces approches renforcent la résilience de vos systèmes, tout en assurant un alignement éthique durable.
Ces dimensions rendent l'approche TRiSM plus robuste qu'une simple charte éthique. Elles permettent une action concrète sur les algorithmes et les données, dès leur conception.
5-Comment intégrer IA TRiSM dans votre organisation ?
La mise en œuvre d’un cadre IA TRiSM repose sur plusieurs actions clés :
Évaluer les usages existants de l’IA : quels modèles sont utilisés, pour quelles tâches, avec quelles données ?
Mettre en place une gouvernance IA : désigner des référents, rédiger une charte d’usage, définir des procédures d’évaluation.
Auditer régulièrement les performances : mesurer l’efficacité, la précision et les dérives éventuelles.
Former les équipes : sensibiliser les utilisateurs aux limites des IA génératives.
En complément, l’utilisation de solutions de type MLOps / ModelOps peut grandement aider à industrialiser ces bonnes pratiques.
Si le terme « IA TRiSM » n’apparaît pas dans ses offres commerciales, ManageEngine n’en applique pas moins les principes. De la détection d’anomalies à l’explicabilité, en passant par la protection des données et les audits automatisés des biais, l’éditeur s’inscrit dans une démarche de gouvernance active.
Conclusion : dompter la machine sans lui briser les ailes
L’IA générative est une révolution fascinante. Mais comme tout pouvoir, elle exige discipline, vigilance… et humilité. IA TRiSM n’est pas un frein à la créativité des machines : c’est un garde-fou, un chef d’orchestre discret qui veille à ce que chaque note soit juste.
À l’heure où la technologie devance souvent la législation, il est urgent d’instaurer des règles du jeu. Car une IA incontrôlée peut éblouir… puis trahir. Tandis qu’une IA encadrée peut propulser les organisations vers une nouvelle ère : celle d’une intelligence responsable, fiable et, enfin, maîtrisée.
Finalement, si la méfiance envers l’IA est légitime, des approches comme IA TRiSM montrent qu’une gouvernance responsable est possible. Et certaines entreprises, comme ManageEngine, en appliquent déjà les principes, preuve que l’encadrement de l’IA ne relève pas uniquement du vœu pieux.