Vue aérienne de la construction de The Line, projet urbain futuriste en Arabie Saoudite

Illustré par Suresh Kumar

Je me souviens parfaitement du jour où j’ai vu la publicité pour The Line sur YouTube. D’habitude, je zappe les pubs, mais celle-ci était différente. Pendant une minute environ, je suis resté bouche bée, silencieux et impressionné. Je n’arrivais pas à croire que ce projet puisse être réalisable. On imagine facilement les coûts, les matériaux, la logistique, sans parler de l’idée de vivre dans une ville isolée en plein désert. De nombreux obstacles semblaient insurmontables, et j’étais persuadé que ce projet ne verrait jamais le jour.

Mais ce jour fatidique, le 16 octobre 2022, une vidéo a été publiée sur Twitter. Elle montrait une vue aérienne par drone de la construction de The Line, annonçant officieusement le début des travaux. Pour contextualiser, The Line est l’un des nombreux sous-projets qui constitueront ce que l’on appelle NEOM, la ville la plus intelligente du monde, située dans le Royaume d’Arabie saoudite.

Pourtant, le 16 octobre 2022, une vidéo a été diffusée sur Twitter. Cette vidéo, filmée par un drone, montrait la construction de The Line et annonçait, de manière non officielle, le lancement des travaux. Pour resituer le contexte, The Line est un élément du vaste projet NEOM, une ville présentée comme la plus intelligente du monde, située en Arabie Saoudite.

Le projet NEOM a été officiellement dévoilé en 2017 par le prince héritier saoudien Mohammed Bin Salman. L’objectif : créer un mode de vie moderne et respectueux de l’environnement. NEOM promet un niveau de vie exceptionnel, avec des services accessibles, des transports facilités et écologiques, entre autres avantages. Mais derrière cette façade, un aspect essentiel est souvent négligé. Un projet d’une telle envergure nécessite une technologie extrêmement performante. Et comme vous vous en doutez, cette technologie repose avant tout sur l’informatique.

 Comment reconnaître une ville intelligente ? 

L’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) est essentielle au fonctionnement d’une ville intelligente, mais ne suffit pas à la définir. Ce qui compte vraiment, c’est la manière dont ces technologies améliorent la vie des habitants et l’efficacité des services publics. C’est cela qui distingue une véritable ville intelligente.

D’ailleurs, l’Indice des villes intelligentes de 2023 place Dubaï et Abou Dabi en tête des villes les plus intelligentes du Moyen-Orient. Plusieurs critères sont pris en compte, comme la facilité des transports, une économie performante, une bonne gouvernance et, surtout, l’intégration de technologies telles que l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique et l’IoT. Ces technologies contribuent grandement au bon fonctionnement de ces villes. Avec une population moyenne d’environ deux millions d’habitants pour chacune, ces villes attirent les populations des zones rurales voisines et même de l’étranger, séduites par la promesse d’une meilleure qualité de vie et de nouvelles opportunités.

L’urbanisation est un phénomène important dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), où 64 % de la population vit déjà en ville, et ce chiffre continue d’augmenter. Cette croissance est notamment liée à l’augmentation des revenus et des dépenses. Le projet NEOM promet justement d’offrir ces opportunités avec une efficacité sans précédent, ce qui pourrait renforcer encore davantage l’urbanisation dans la région.

En effet, des études montrent un lien étroit entre développement économique rapide et urbanisation rapide. Vers 1950, environ deux tiers de la population mondiale vivait à la campagne. En 2021, ce chiffre s’est inversé : 66 % de la population mondiale vit désormais en ville. Cette évolution s’explique par les progrès du commerce, les opportunités d’emploi et l’amélioration générale de la qualité de vie. Face à cela, une question se pose : NEOM tiendra-t-elle ses promesses ?

 NEOM, une intelligence urbaine 

D’après le site web officiel du projet, NEOM se compose, en 2023, de quatre régions distinctes : Sindalah, Trojena, Oxagon et The Line. Chacune de ces zones a ses propres spécificités, mais The Line est sans conteste la plus impressionnante, et nous y reviendrons plus en détail.

Le Fonds d’investissement public, un acteur majeur de la transformation de l’économie saoudienne, est le principal investisseur de NEOM, avec un financement estimé à près de 500 milliards de dollars pour l’ensemble du projet. Située dans la province de Tabuk, au nord-ouest de l’Arabie saoudite, NEOM couvrira une superficie de 26 500 kilomètres carrés. Pour donner un ordre de grandeur, cela équivaut à environ 15 959 terrains de football. Chaque région de ce mégaprojet a une vocation précise.

Prenons l’exemple de Sindalah, qui devrait être la première partie de NEOM à être achevée. Cette île, conçue comme une destination de luxe pour les voyageurs et les vacanciers aisés, proposera trois hôtels haut de gamme. Elle offrira également des activités sportives, sociales et touristiques.On prévoit qu’environ 2 400 personnes visiteront Sindalah chaque jour d’ici 2026. Elles profiteront des installations de l’île et des technologies qui en assurent le fonctionnement.

The Line : L’Avenir de l’Urbanisme

Passons maintenant au projet phare de NEOM : The Line. Présentée comme la ville du futur, The Line s’étend sur 170 kilomètres. Elle traverse le désert de la province de Tabuk, en Arabie saoudite. Sa forme ? Une simple ligne. Cette conception urbaine mise sur une communauté entièrement piétonne, où tous les services essentiels se trouvent à moins de cinq minutes de marche. Des transports autonomes et intelligents seront également disponibles pour les déplacements plus longs. La ville promet un design futuriste, une qualité de vie supérieure et une énergie durable et renouvelable, grâce aux technologies les plus avancées.

Selon les responsables du projet, The Line devrait accueillir neuf millions d’habitants une fois achevée. Son ouverture se fera par étapes, la première étant prévue pour 2025. Comme toute ville, The Line disposera d’établissements d’enseignement, de centres commerciaux et économiques, créant ainsi environ 380 000 emplois. Une infrastructure numérique massive sera nécessaire, avec une connectivité internet haut débit, des services cloud et des centres de données. NEOM prévoit d’ailleurs d’exploiter trois centres de données hyperscale au sein même du projet pour le stockage et le traitement des données.

Dans une ville qui promet le luxe grâce aux dernières avancées technologiques, la cybersécurité est primordiale. Les propriétaires et les gestionnaires de données devront contrôler les accès, en les limitant aux personnes qui ont réellement besoin de consulter ces informations. Face à une telle dépendance technologique, des solutions de surveillance réseau offriront une visibilité complète sur les serveurs, les routeurs et les dispositifs de stockage. Elles seront indispensables pour garantir une expérience fluide aux habitants. Des audits réguliers et des pistes d’audit seront également mis en place pour limiter les risques de failles de sécurité. L’implémentation de solutions efficaces de sécurité des données permettra sans aucun doute aux équipes informatiques de se concentrer sur des tâches plus stratégiques grâce à l’automatisation.

Bien que cela n’ait pas été officiellement annoncé, The Line est souvent présentée comme une ville cognitive. Cela signifie que la plupart des données collectées dans la ville seront traitées, analysées et utilisées pour optimiser son fonctionnement et améliorer la qualité de vie des habitants. Des chatbots basés sur le traitement automatique du langage naturel (TALN) seront déployés. De plus, l’utilisation de l’IA pour la gestion des opérations informatiques sera mise en place. L’informatique sera au cœur de cette immense ville linéaire futuriste. Avec une telle quantité de données personnelles en circulation, la cybersécurité est une priorité absolue. Le rôle de l’informatique dans ce domaine ne doit pas être négligé.

Un philosophe grec de l’Antiquité nous rappelait qu’il ne fallait pas confondre une grande ville et une ville peuplée. Les grandes villes ont des histoires à raconter et sont souvent liées à des moments importants de l’histoire. L’histoire de NEOM ne fait que commencer, et dans quelques années, elle marquera son temps. Ce projet ambitieux du Royaume d’Arabie saoudite vise à réduire sa dépendance au pétrole. Il se concrétisera bientôt sous la forme de la ville la plus intelligente et la plus futuriste du monde.

NEOM, et plus particulièrement The Line, promettent un mode de vie propre et renouvelable. Cela se traduit grâce à des technologies intelligentes telles que la robotique, l’IA, l’IoT et les transports automatisés. Ces technologies reposeront sur une source d’énergie durable : l’IT. La direction est donnée, et c’est l’informatique qui permettra d’aller encore plus loin.

Source : The line in the sand: How IT will power NEOM—the world’s smartest city  

Rédigé par : David Simon